ANIMAUX

                                  • ÉCUREUILS EN CALIFORNIE (FIÈVRE)

Auteur : Odile Wallon, Bulletin ICBT No. 1 (juin 2009)

Extrait du séminaire « Éthologie, biologie et symbolisme » animé par Gérard Athias et Georges Lahy.

Les écureuils, particulièrement les plus jeunes dans les groupes familiaux, sont les proies classiques des serpents à sonnettes en Californie.

Les serpents à sonnettes possèdent des détecteurs à infrarouge (liés à la température et ses variations) en arrière des yeux. Les écureuils élèvent la température de leur queue pour détourner l’attention des serpents des jeunes écureuils, ou simplement comme indicateur de la présence d’adultes auxquels les serpents s’attaquent rarement. Il est intéressant de constater que les écureuils n’utilisent pas cette élévation de température de leur queue quand ils sont mis en présence de serpents à sonnettes qui ne possèdent pas les structures sensorielles concernées. C’est-à-dire qu’ils font la différence entre les prédateurs et répondent de manière adaptée.

Le sens biologique de l’élévation de température, c’est-à-dire faire de la fièvre, nous raconte : je veux éviter d’être attaqué, critiqué, jugé négativement, grondé.

                        • RENNES EN ALASKA OU LIONS EN CAGE (VERTIGE)

Auteur : Odile Wallon, Bulletin ICBT No. 2 (avril 2010)

Je tourne, tu tournes, il tourne…. Les rennes en Alaska ou les lions en cage.

Gérard Athias nous parle de l’élevage des rennes en Alaska, et en particulier du rassemblement des troupeaux une fois par an pour marquer le bétail. Une fois dans l’enclos, les rennes se mettent à tourner en rond.

D’où il déduit le conflit relié aux vertiges (ça tourne) : « On a réduit mon espace vital », tourner en rond pour avoir un maximum de place dans un tout petit espace.

On peut remarquer que le fait de tourner en rond n’est pas l’apanage des rennes en Alaska, et que nombre d’animaux en captivité passent des heures à tourner en rond. Il suffit de visiter un zoo traditionnel pour s’en convaincre. Ne dit-on pas : tourner comme un lion en cage ?

Voici un extrait d’un article publié le 21 août 2009 dans Sciences et Avenir, qui a pour titre On tourne en rond pour de bon :

« Tourner en rond lorsqu’on a perdu ses repères serait bien plus qu’une métaphore ou qu’une image. Lorsqu’une personne a perdu ses repères et cherche son chemin dans un environnement inconnu, elle a de fait tendance à décrire des cercles, expliquent Jan Souman (Institut Max Planck de Tübingen) et ses collègues.

Interrogés par les réalisateurs d’une émission de télévision sur la véracité de l’adage populaire selon lequel une personne perdue finit par tourner en rond, les chercheurs ont mené des expériences avec des volontaires équipés de GPS. Les uns marchaient en forêt, les autres dans le désert. Certains voyaient le soleil, d’autres non.

Les marcheurs qui avançaient dans une forêt sous un ciel couvert, comme ceux qui ont avancé dans le désert de nuit, ont décrit des itinéraires courbes, relatent les chercheurs. Ils finissent par tourner et, même si leurs pas ne dessinent pas des cercles parfaits, ils ont tendance à revenir vers leurs propres pas. En revanche, ceux qui marchaient sous le soleil, au milieu des arbres ou du sable, ont tracé des chemins beaucoup plus droits.

L’accumulation de perceptions inexactes sur notre environnement pourrait créer un « bruit » empêchant notre cerveau de s’y retrouver en l’absence de repère, suggèrent les chercheurs. »

Le dictionnaire nous oriente vers la même direction si on y cherche le sens de l’expression « tourner en rond » : errer, aller sans suivre un chemin, perdre son chemin, sans effet, inefficace, faire du sur place.

On ne manquera pas de trouver en cas de vertige ou de labyrinthite une situation où la personne a lesentiment de tourner en rond, que ce soit au sens propre ou figuré, ou a perdu ses repères et a vu son espace vital diminué. On sait que la labyrinthite survient en phase de réparation. L’histoire ne nous dit pourtant pas si les rennes au moment de sortir de l’enclos sont pris de vertiges, et nul ne sera tenté de faire sortir un lion de sa cage pour vérifier s’il va se mettre à tituber ! Mais avez-vous déjà essayé de tourner sur vous-même comme le font les derviches tourneurs ? Faites l’expérience et vous constaterez que la perte de l’équilibre survient au moment où l’on arrête de tourner. Les phénomènes physiologiques qui se déroulent tandis que nous arrêtons de tourner en rond et tentons de retrouver notre équilibre nous mènent bien aux vertiges et à la perte d’équilibre.

N’est-ce pas un parfait exemple où on voit se rejoindre l’éthologie, le bon sens populaire et l’observation scientifique ?

Source

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/vivant/20090821.OBS8387/
on_tourne_en_rond_pour_de_bon.html